Cet article a été publié dans le bulletin électronique de ICOM Canada de septembre 2019 sur la diplomatie culturelle. Voir plus d’articles de ce numéro ici.
Lynda Jessup (Université Queen’s à Kingston) et Sascha Priewe, Ph. D. (Musée royal de l’Ontario; ICOM Canada)
ICOM Canada se joint à des partenaires du Canada, des États-Unis et du Mexique dans un nouveau projet de recherche multipartenaires visant à étudier la diplomatie culturelle.
Il est amplement démontré que nous vivons dans une époque de plus en plus conflictuelle : un monde de terrorisme mondial, de crises de réfugiés et de politiques partisanes et nationalistes qui sèment la discorde. L’atténuation des conflits culturels par les voies diplomatiques traditionnelles demeure un objectif prioritaire pour les gouvernements, mais leurs efforts échouent. Cet échec découle de la résurgence des forces polarisantes du protectionnisme, de la xénophobie et de l’extrémisme qui sont des « problèmes pernicieux » – des questions complexes pour lesquelles il n’y a pas de solution claire ou apparente – mais il découle aussi de la pratique elle-même de la diplomatie qui a évolué.
En réponse à ces préoccupations, la North American Cultural Diplomacy Initiative (NACDI), une initiative de diplomatie culturelle nord-américaine, a le plaisir d’annoncer un nouveau projet de recherche multipartenaires avec le Center on Public Diplomacy de l’University of Southern California et nombre de partenaires canadiens et mexicains de la NACDI. Subventionné par le programme de Subventions de développement de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le projet réunira des étudiants, des universitaires et des praticiens qui examineront ensemble de manière critique la diplomatie culturelle comme moyen d’atténuer le conflit culturel mondial.
Comme l’ont déterminé des universitaires et des praticiens, les relations mondiales ne relèvent plus du domaine exclusif d’un « club » privilégié d’États-nations comme c’était le cas à l’époque de la Guerre froide – un club qui déterminait les priorités, dictait les politiques, sélectionnait les joueurs et établissait les règles de l’ordre international, lequel était fondé sur des règles. La diplomatie s’exerce maintenant dans un environnement « réseauté », technologiquement et socialement diversifié, basé sur une communication horizontale, un dialogue et un flux d’information multidirectionnel. En cette ère de la diplomatie réseautée, les États se disputent l’autorité avec des acteurs non étatiques, comme des organisations non gouvernementales et des organisations à but non lucratif, des institutions transnationales et des groupes d’activistes : ce que bien des universitaires ont identifié comme les soi-disant « nouveaux » diplomates. En effet, la diplomatie basée sur des pratiques et des protocoles centrés sur l’État a cédé la place à la diplomatie en tant qu’orientation – comme un ensemble de comportements, de dispositions et d’attitudes au sein d’un spectre de relations culturelles élargi.